J’ai dépassé ma peur de me voir en photo
Les lunettes sales, les cheveux mousseux, ni bouclés ni frisés, le menton pointu, les seins qui tombent à 14 ans, toutes veines apparentes. Les coudes cagneux… Tout ça c’est moi.
La bouche pulpeuse, les cheveux d’ange, les yeux francs, les seins doux et aimants, les épaules rondes et enveloppantes… Tout ça c’est moi aussi…
C’est mon corps. Mon fardeau autant que mon cadeau. C’est lui qui m’apprend chaque jour à revenir à moi. En mon centre. A retrouver de la lumière.
Longtemps je l’ai fui et ignoré. Il n’était qu’un outil de déplacement et de torture.
Il était un outil de séduction destructrice, un objet dont on dispose à loisirs.
J’ai dû vaincre les ombres. Comme beaucoup d’entre nous elles ont hanté mes jours et mes nuits.
Elles me suivaient dans chaque rencontre. A mon travail, dans ma vie de couple et de mère. Elles étaient moi, aux yeux des autres.
Et j’ai longtemps cru que nous ne faisions qu’un.
Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai choisi de vivre.
Et dans mes ombres si pénétrantes, j’ai mis de la lumière, pas à pas…couches après couches. Pour limer la crasse du passé, les erreurs, les déceptions et les trahisons… avec patience et abnégation.
Je suis très souvent tombée. Et j’ai toujours cru que je ne me relèverai jamais.
Je tombe encore aujourd’hui. Et je crois encore que je n’y arriverai pas.
Mais d’objet de mes peurs je suis devenue sujet. Sujet d’une vie qui me ressemble enfin. Je suis devenu femme. Ce genre, ce terme, qui jusqu’à l’âge de 34 ans n’a rien voulu dire pour moi.
Aujourd’hui il m’appartient. Il me correspond. Et il m’invite à aller à la rencontre d’autres femmes qui l’habitent à leur manière.
